jeudi 11 octobre 2012

BB Brunes est devenu grand!


Nous sommes le 29 février 2008, il est environ 22h30 et je sors trempé d’un concert et je ne sais si mes oreilles sifflent à cause de la sono réglée au max ou des cris stridents de la centaine de jeunes filles hystériques (et je pèse mes mots) qui n’a cessé de s’époumoner dans l’atmosphère brulante de cette petite salle de Montfavet. La passion était telle que les pompiers se donnaient à cœur joie de nous arroser avec tout ce qu’ils leur passaient sous la main. Ce n’était pas les Rolling Stones, ce n’était pas U2 ou Dylan, ce n’était « que » les BB Brunes. J’étais au premier rang. J’ai tout vu, et malgré la sono, qui rendait incompréhensible le moindre mot prononcé par Adrien Gallo, et cette ambiance proche du chaos que seule une horde de jeunes demoiselles peut créer, il s’est tout de même « passé quelque chose ». Ce petit frémissement qui vous laisse sans voix en sortant, qui vous fait réécouter l’album sans cesse pour essayer de ressaisir cet instant magique où l’émotion est passé des doigts sur les cordes de guitare jusqu’à nos oreilles.


Ce n’est qu’aujourd’hui, avec leur troisième opus dans les mains, que je sais ce que j’ai vu ce soir-là. En réalité je n’ai rien vu, je l’ai senti, j’avais senti un talent. Alors encore à l’état brut, il en manquait encore beaucoup pour en faire jaillir de quoi sortir de la masse des chanteurs qui veulent percer. Le résultat est là pourtant, « Long Courrier » est sorti le mois dernier, c’est une réussite.

S’il vous semble facile de prédire un succès 6 ans plus tard, je vous répondrais juste que je n’ai eu de cesse de clamer la fraicheur qu’a apportée BB Brunes dans le paysage Rock de la musique Française depuis la sortie de « Blonde Comme Toi » en 2006. Car il faut bien l’avouer, être un fervent défenseur de Gallo et sa bande n’a pas toujours été facile. Longtemps estampiller (plus souvent à tort qu’à raison d’ailleurs) du logo « Groupe à faire pleurer les minettes », leur look et leurs attitudes ont souvent effacé la partie musicale de toute critique à leur égard. Il est vrai que « Blonde Comme Moi » fut écrit alors qu’ils passaient le Bac, la profondeur des textes s’en ressent. Désormais, on parle ouvertement de fellation (J’écoute les Cramps), de plan à trois, de première fois (Dis Moi, BB Baise) et grand classique des chansons d’adolescents : de problèmes de cœur (Pas Comme Ça, Houna…). Et même s’ils abusent d’arrêts brutaux pour repartir sur un crescendo de batterie, ce Garage-Rock dépoussière des années de Rock mollasson depuis la fin de Noir Désir. Puis en 2006, les succès de l’année se nomment Faf Larage et Diam’s… autant de raisons d’aimer de la nouveauté dans les rythmes et autant d’énergie en si peu de chansons (si courtes !).

Le souci avec les premiers albums c’est que bien souvent on ne s’en relève pas. En oubliant de se renouveler ou tout simplement en n’en sortant jamais un deuxième trop occupé à dilapider le premier à Ibiza, on ruine tout espoir de se voir écouter de nouveau. C’est donc avec appréhension que j’attendais en Décembre 2009 sorti de « Nico Teen Love ». Quel soulagement d’entendre un renouvèlement, et pas un petit ! En décidant de grandir et de canaliser cette énergie brute, qui caractérisait "Blonde Comme Moi", pour la transformer en mélodie (sérieusement absente du premier opus) profondément ancré dans le Rock Français et Britannique, ils gagnent en épaisseur tant sur le fond que sur la forme. Avec la mélodie, on remarque enfin que A.Gallo sait chanter sans crier sur des rythmes endiablés (Gare Au Loup, (D)andy). C’est d’ailleurs à cet instant que l’on note une quasi absence de sexe dans les textes, plus souvent remplacer par des sentiments tels que l’éloignement (M. La Maudite) ou le manque (Cola Maya) et parfois par des introspections plus qu’agréable (Illuminations)  Alors, bien entendu les tempos sans limite sont toujours présent  mais ne sont pas représentatif de l’album, au contraire, ils semblent plus être des souvenirs du précédent, reprenant la même forme de composition et de chant (Ma Mods, Peut Être Pas Cette Fois). S’il avait été en vie, on aurait pu croire sa patte derrière « Nico Teen Love » et « Britty Boy », tant ces deux chansons transpirent Serge Gainsbourg. Ce sont sans doute les deux meilleures, leur profondeur musicale et textuelle est sans pareille dans l’histoire des BB Brunes à cet instant. « Britty Boy » tel « Initial BB » introduit l’aide ultime à la mélodie : les violons. Les paroles ne sont pas en reste et se voient éclairer de jeux de mot et de double sens agréables à l’oreille. Quant à « Nico Teen Love » il ne s’agit ni plus ni moins du « Bonnie And Clyde » revisité (et bien revisité) à la sauce BB Brunes.

 Il est clair qu’en trois ans, le groupe de Parisiens a décidé de s’orienter vers la mélodie. J’avais alors pensé qu’ils seraient bien avisés de continuer sur ce chemin tant la qualité de ce deuxième album est élevée. Ils ont effectivement poursuivi dans cette voie, grand bien leur en a pris.


Nous sommes le 10 octobre et je ne me lasse pas de « Long Courrier ». Depuis sa sortie, ses mélodies travaillées en collaboration étroite avec Etienne Daho me hante et ne sont pas prêtent de me quitter. Cette fois-ci, les BB Brunes ont totalement oublié le Garage-Rock et distillent une musique plus riche que jamais, puisant dans les meilleurs artifices de la pop des années 80 et guider par le producteur de Gossip : Allan O'Connel, le résultat est époustouflant. La puissance du Rock de Gossip sur les rythmes enivrant de la Pop de Daho, c’est tout bonnement un régal. Encore une fois, les textes évoluent et se tournent (enfin) vers les faits de société comme en témoigne « Police Déprime » ou «Au Garde à Vous », tout en gardant tout de même cette plume dirigée vers les bonheurs/tourments de l’âme (Aficionado, Bye Bye). Ces revirements font la part belle à la voix d’Adrien Gallo, qui est étonnant avec celle-ci. Autant à l’aise dans le Rock de « Rue De Buci » que dans la ballade « Hémophile », le chant à trouver sa place au sein des chansons et n’est désormais plus secondaire. Autre grand atout des BB Brunes et peut-être plus palpable sur ce troisième disque : la puissance des refrains. Depuis 2006, pas un refrain n’a pas été intelligemment utilisé pour relancer une chanson, et si l’impact ne s’était pas produit dans votre tête sur « Nico Teen Love », il se fera sur « Long Courrier ». Car que ce soit « Stéréo », « RIP » ou « Grand Rio » vous ne pourrez vous empêcher un pas de danse ! Dans l’ensemble, c’est un album plus joyeux, presque haut en couleur qui nous est offert, à l’entrée de l’automne, c’est un vrai cadeau.


J’aurais pu faire trois articles reprenant tour à tour chaque album, j’ai préféré tous les aborder d’un seul coup, délaissant souvent les technicités musicales au profit d’un ressentit plus personnel. En inscrivant ce nouvel opus dans une dynamique qui débuta en 2006, j’ai sans doute essayé de justifier que depuis le début, ce groupe mérite qu’on s’intéresse à lui. Car même si l’image n’est pas toujours agréable, l’oreille doit parfois savoir fermer les yeux pour comprendre et entendre ce qui se passe réellement devant elle. Ne voyez plus ces pédant parisiens mais laissez-vous porter par ce qu’ils font de mieux : du Rock. Et tout comme moi en ce soir de février au milieu d’un chaos indescriptible, vous passerez une superbe soirée ! 

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