Début mars, les
Victoires de la Musique récompensaient les « meilleurs »
artistes de 2011. Et comme à son habitude, au delà d'une cérémonie
des plus ennuyeuse, les catégories étaient remplies de nominés aux
noms convenus. J.L.Aubert, C.Ringer, L.Voulzy, J.Clerc, autant de
noms qui ont marqué la chanson française et qui m'ont enchanté
plus d'une fois en concert ou sur leurs albums respectifs même
récents. Néanmoins, ils n'ont pas leur place dans une telle
cérémonie ! Tout du moins plus maintenant. Qu'un artiste soit
récompensé pour sa carrière, comme le fut le très grand Alain
Bashung ou comme l'a été H.F.Thiefaine cette année, est plus que
légitime, mais il est temps de faire connaître la nouvelle scène
française à la masse qui n'écoute de la musique qu'en allant
travailler le matin (et qui écoute les Victoires de la Musique). Les
grands absents de cette année sont, sans nul doute, le groupe
Mustang qui avec un très bon deuxième album « Tabou »
auraient du être au moins cité en tant que nominé. Pour aller plus
loin, ils auraient déjà du y participer en 2009 avec leur premier
opus « A 71 ». C'est pourquoi cet article lui est dédié.
Ce qui est frappant après
une première écoute c'est la fraîcheur d'un tel album. J'ai été
incapable de dire où j'aurais pu entendre de telles choses
auparavant. Sûrement car je n'avais rien entendu d'aussi nouveau
depuis bien longtemps dans le paysage de la chanson française. Ce
trio Clermontois a le mérite d'innover. Si l'on décide de commencer
par la voix, elle sort totalement de tout ce qui passe actuellement à
la radio. L'utilisation de cette voix est, sans être novatrice,
fraîche, un peu traînante mais pleine d’énergie me fait penser
à un dandy chantant des vers d'Oscar Wilde. La chanson « Le
Pantalon », qui leur a d'ailleurs valu un prix, est le parfait
exemple de cette utilisation lasse mais pas molle.
Cette voix se met au
service de textes parfois drôle, doucement acide, jamais triste mais
plein de mélancolie. « La Plus Belle Chanson Du Monde »
ou encore « Ma Bébé Me Quitte » sont mélancoliques à
souhait. Et pourtant, il se glisse dans chacun de ces morceaux une
certaine ironie qui force le sourire de l'auditeur. Pour moi, c'est
une des forces de cet album. Réussir à traiter des thèmes qui font
la dureté de nos vies avec une sorte de philosophie positive. La
musique à une part importante dans ce processus. « Ma Bébé
Me Quitte » est tout de même joué tout en majeur et fait plus
penser à la plage et aux cocotiers qu'à l'isolement d'une rupture.
Paris osé, mais payant. La chanson est réussie.
Les morceaux qui
pourraient être qualifiés de plus léger ne sont pas moins
intéressant. Certain sont d'ailleurs criant de vérité. Tout le
monde a eu à faire à cette fille de « Pia Pia Pia » qui
casse les oreilles à force de remarques et autre théories. Si vous
ne trouvez pas de Pia Pia Pia dans votre entourage, c'est que c'est
vous ! Le petit rythme rétro-éléctro rappel avec plaisir les
années lycée qu'associe le groupe à ce genre de personne. Comment
ne pas succomber au tempo du « King Of The Jungle » ? Ce chant tel une parade amoureuse (l'invitation à entrer dans
le bungalow est irrésistible!) me fait penser au roi lémurien
complètement démesuré, mégalo et surtout très drôle du film
d'animation Madagascar. L'ambiance liée aux bongos et autres chœurs
à la Pow Wow rend très bien surtout avec cette pointe de modernisme
dont fait preuve Mustang en ajoutant quelques guitares électrique
saturées. Ce passage de l'album est très rythmé, laissant peu de
temps à nos oreilles et à notre corps (qui se met à danser tout
seul !) de se reposer. Mustang se permet même, pour parachever
cette phase allegro une instrumentale. Pas forcement nécessaire mais
plutôt réussie, elle coupe en deux l'album. Une sorte de mi-temps
pour le chanteur qui laisse volontiers parler ses camarades de jeux.
Les réussites d'A 71
sont ailleurs que dans les rythmes effrénés proposés. Les ballades
ont un vrai charme. L'ode aux mamans et à la peur de l'inconnu est
un plaisir à renouveler sans modération. En utilisant un fond
sonore de clavier très planant et en y ajoutant ce petit son de
guitare si caractéristique du groupe, Mustang nous rappel avec
douceur ces matins où notre maman venait nous réveiller. Doux
souvenirs... Mustang réhabilite le Slow avec « La Dame de
Pique ». Ils n'inventent rien, reprennent la bonne vieille
recette du Slow mais cela fonctionne. Et j'en viens à regretter
qu'il n'y ai plus de quart d'heure Slow en boite pour pouvoir écouter
de si jolis morceaux tout en flirtant du bout des lèvres.
« Je n'allume même
pas la radio, toutes les musiques me rendent marteau, je m'emmerde. »
En un vers de « Je m'emmerde » Mustang souligne le
problème des radios Françaises qui n'innovent jamais de peur d'une
baisse d’audience. Ce sont ces mêmes radios qui se targuent de
faire découvrir des nouveautés, le plus souvent elles ont un train
de retard et toutes personnes tant soit peu concernées par la
musique connaît leurs nouveautés depuis presque deux ans... Le
morceau « C'est Fini » souligne cette méthode
vieillissante de faire des chansons de nos jours. C'est un tout. La
méthode « Couplet-Couplet-Refrain-Couplet-Refrain » le
tout en trois minutes, est acceptée pour passer à la radio. Alors,
toute personne sortant du moule ne peut être connu par le large
public car ne correspondant pas aux standards radiophoniques. C'est
bien dommage. Nous passons à coté de titre tel « C'est
Fini ».
J'ai eu envie que cette
chanson finale ne se termine pas tant la partie synthétiseur est
agréable. A71 fini sur un decrescendo lancinant. Pour un premier
album Mustang avait placé la barre haute et personne ne s'en était
rendu compte. Espérons que le suivant sera accueilli avec plus
d'enthousiasme. En tout cas, ils le méritent.
PS: Ma chanson favorite est "Anne Sophie", je n'ai pas pu la placer dans mon explication; parfois les mots ne suffisent pas! C'est un vrai bonheur, comme cet album.
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