samedi 14 avril 2012

A71 - Mustang


Début mars, les Victoires de la Musique récompensaient les « meilleurs » artistes de 2011. Et comme à son habitude, au delà d'une cérémonie des plus ennuyeuse, les catégories étaient remplies de nominés aux noms convenus. J.L.Aubert, C.Ringer, L.Voulzy, J.Clerc, autant de noms qui ont marqué la chanson française et qui m'ont enchanté plus d'une fois en concert ou sur leurs albums respectifs même récents. Néanmoins, ils n'ont pas leur place dans une telle cérémonie ! Tout du moins plus maintenant. Qu'un artiste soit récompensé pour sa carrière, comme le fut le très grand Alain Bashung ou comme l'a été H.F.Thiefaine cette année, est plus que légitime, mais il est temps de faire connaître la nouvelle scène française à la masse qui n'écoute de la musique qu'en allant travailler le matin (et qui écoute les Victoires de la Musique). Les grands absents de cette année sont, sans nul doute, le groupe Mustang qui avec un très bon deuxième album « Tabou » auraient du être au moins cité en tant que nominé. Pour aller plus loin, ils auraient déjà du y participer en 2009 avec leur premier opus « A 71 ». C'est pourquoi cet article lui est dédié.


Ce qui est frappant après une première écoute c'est la fraîcheur d'un tel album. J'ai été incapable de dire où j'aurais pu entendre de telles choses auparavant. Sûrement car je n'avais rien entendu d'aussi nouveau depuis bien longtemps dans le paysage de la chanson française. Ce trio Clermontois a le mérite d'innover. Si l'on décide de commencer par la voix, elle sort totalement de tout ce qui passe actuellement à la radio. L'utilisation de cette voix est, sans être novatrice, fraîche, un peu traînante mais pleine d’énergie me fait penser à un dandy chantant des vers d'Oscar Wilde. La chanson « Le Pantalon », qui leur a d'ailleurs valu un prix, est le parfait exemple de cette utilisation lasse mais pas molle.
Cette voix se met au service de textes parfois drôle, doucement acide, jamais triste mais plein de mélancolie. « La Plus Belle Chanson Du Monde » ou encore « Ma Bébé Me Quitte » sont mélancoliques à souhait. Et pourtant, il se glisse dans chacun de ces morceaux une certaine ironie qui force le sourire de l'auditeur. Pour moi, c'est une des forces de cet album. Réussir à traiter des thèmes qui font la dureté de nos vies avec une sorte de philosophie positive. La musique à une part importante dans ce processus. « Ma Bébé Me Quitte » est tout de même joué tout en majeur et fait plus penser à la plage et aux cocotiers qu'à l'isolement d'une rupture. Paris osé, mais payant. La chanson est réussie.
Les morceaux qui pourraient être qualifiés de plus léger ne sont pas moins intéressant. Certain sont d'ailleurs criant de vérité. Tout le monde a eu à faire à cette fille de « Pia Pia Pia » qui casse les oreilles à force de remarques et autre théories. Si vous ne trouvez pas de Pia Pia Pia dans votre entourage, c'est que c'est vous ! Le petit rythme rétro-éléctro rappel avec plaisir les années lycée qu'associe le groupe à ce genre de personne. Comment ne pas succomber au tempo du « King Of The Jungle » ? Ce chant tel une parade amoureuse (l'invitation à entrer dans le bungalow est irrésistible!) me fait penser au roi lémurien complètement démesuré, mégalo et surtout très drôle du film d'animation Madagascar. L'ambiance liée aux bongos et autres chœurs à la Pow Wow rend très bien surtout avec cette pointe de modernisme dont fait preuve Mustang en ajoutant quelques guitares électrique saturées. Ce passage de l'album est très rythmé, laissant peu de temps à nos oreilles et à notre corps (qui se met à danser tout seul !) de se reposer. Mustang se permet même, pour parachever cette phase allegro une instrumentale. Pas forcement nécessaire mais plutôt réussie, elle coupe en deux l'album. Une sorte de mi-temps pour le chanteur qui laisse volontiers parler ses camarades de jeux.


Les réussites d'A 71 sont ailleurs que dans les rythmes effrénés proposés. Les ballades ont un vrai charme. L'ode aux mamans et à la peur de l'inconnu est un plaisir à renouveler sans modération. En utilisant un fond sonore de clavier très planant et en y ajoutant ce petit son de guitare si caractéristique du groupe, Mustang nous rappel avec douceur ces matins où notre maman venait nous réveiller. Doux souvenirs... Mustang réhabilite le Slow avec « La Dame de Pique ». Ils n'inventent rien, reprennent la bonne vieille recette du Slow mais cela fonctionne. Et j'en viens à regretter qu'il n'y ai plus de quart d'heure Slow en boite pour pouvoir écouter de si jolis morceaux tout en flirtant du bout des lèvres.

« Je n'allume même pas la radio, toutes les musiques me rendent marteau, je m'emmerde. » En un vers de « Je m'emmerde » Mustang souligne le problème des radios Françaises qui n'innovent jamais de peur d'une baisse d’audience. Ce sont ces mêmes radios qui se targuent de faire découvrir des nouveautés, le plus souvent elles ont un train de retard et toutes personnes tant soit peu concernées par la musique connaît leurs nouveautés depuis presque deux ans... Le morceau « C'est Fini » souligne cette méthode vieillissante de faire des chansons de nos jours. C'est un tout. La méthode « Couplet-Couplet-Refrain-Couplet-Refrain » le tout en trois minutes, est acceptée pour passer à la radio. Alors, toute personne sortant du moule ne peut être connu par le large public car ne correspondant pas aux standards radiophoniques. C'est bien dommage. Nous passons à coté de titre tel « C'est Fini ».


J'ai eu envie que cette chanson finale ne se termine pas tant la partie synthétiseur est agréable. A71 fini sur un decrescendo lancinant. Pour un premier album Mustang avait placé la barre haute et personne ne s'en était rendu compte. Espérons que le suivant sera accueilli avec plus d'enthousiasme. En tout cas, ils le méritent.

PS: Ma chanson favorite est "Anne Sophie", je n'ai pas pu la placer dans mon explication; parfois les mots ne suffisent pas! C'est un vrai bonheur, comme cet album.

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